mardi 12 décembre 2017

Coco: Critique








(version vidéo) 



Tout d'abord, dans mon cinéma pas de diffusion de Joyeuses fêtes avec Olaf , probablement au prétexte des séances trop longues; ou peut-être parce que je suis la dernière personne sur terre à encore m' intéresser à La reine des neiges ( mondialement parlant il serait retiré des écrans depuis le 8 décembre ).



Au moins comme ça on aurait eu un court-métrage Pixar à la place? Pensez-vous: mon cinéma ne les passait pas non plus, de toute façon . La seule exception avait été Une fête givrée, bel et bien avant Cendrillon en 2015.



Heureusement j'ai trouvé Joyeuses fêtes avec Olaf .

Contrairement à ce que j'ai beaucoup entendu, on ne voit pas le temps passer. Toutes les chansons ne sont pas bonnes, mais celles interprétées par les sœurs sont parfaites et c'est touchant de voir que les cadeaux d'Anna à Elsa, des années durant , étaient tous en rapport avec Olaf.


Celui-ci, bourde, n'a plus son petit nuage au dessus de la tête en intérieur, mais c'est vrai que dehors, vu le climat, il n'en a pas besoin. Et un spécial Noel, vu la date de sortie, c'est l'idéal. On n'a jamais trop des nouveaux costumes d'Elsa, et non je ne dis pas ça juste parce que je l'ai déjà cosplayé.


Bref le court métrage est aussi bon que le long, je ne vois d'obligation de choisir entre court-métrage Disney et  long-métrage Pixar, c'est une guégerre idiote-autant qu'avoir à choisir entre musique et famille. Tiens, à propos: transition vers Coco, proprement dit (mais vous aurez eu Joyeuses fêtes avec Olaf avant, namého).


Dia de los muertos  est une festivité particulière au Mexique, qui a lieu au jour des morts, le 2 novembre dans le monde catholique.


 Le 1 er, était le jour des saints; et le 31 octobre Samhain, qui est devenu Halloween : autrefois les celtes pensaient que le voile séparant le monde des morts et   celui des vivants se déchirait à ce moment là (au retour de la saison froide) .


 Et que les esprits visitaient leurs proches,  qui se gardaient d' eux par divers rituels ( comme les déguisements effrayants ).

Au moment  la christianisation,  le dogme disait que le monde des morts ne communiquait pas avec celui des vivants, et cette superstition fut combattue. ..en vain, donc par syncrétisme, on plaça la fête des morts canonisés, ou non, les jours suivants.



En Europe la Toussaint devint synonyme de chrysanthèmes déposés sur les tombes de proches. En Amérique latine, il existait déjà des traditions locales liées aux morts. La religion originelle des amérindiens fut combattue puis assimilée par les évangélisateurs du temps de la conquista.


Le jour des morts fut fixé au 2 novembre une fois  les populations devenues très catholiques, mais les rites anciens ont persisté.  Contrairement à l' Europe, Dia de los muertos est joyeux.

(Comme ici, une enfant triste de la mort de sa mère va finalement vivre un moment heureux.)

Dans Les Noces funèbres, l'autre monde est haut en couleur aussi...


Les squelettes, appelés calacas, sont très présents. Vous avez sans doute croisé ces créatures dans La vengeance du serpent à plumes Monster high et Grim Fandango.

(La vengeance du serpent à plumes a été qualifié de prémonition: Coluche y faisait de la moto déguisé en mort).

(Skelita Calaveras, dans Monster High)




En raison de la forte communauté hispanique aux États-Unis, ce jour des morts est devenu très connu là bas, les symboles se mêlant à ceux d'Halloween.



Dia de los muertos aurait dû être le titre, sur lequel Disney comptait poser un copyright pour des raisons de marketing mais a soulevé un tollé.  C' est donc devenu cet énigmatique Coco (rien à voir avec le film de Gad Elmaleh) , qui est en fait le prénom de l' arrière- grand- mère du héros de dix ans, Miguel.



Son musicien de père étant parti quand elle avait 4 ans pour suivre sa carrière, sa femme Imelda Riviera ne lui a jamais pardonné et a voué son nom au damnatio memoriae . Pratique venue de l'ancienne Rome, les pires criminels voyaient leur nom effacé des registres pour être oubliés des humains après leur mort.



Depuis, la musique est taboue dans la famille Riviera et aujourd'hui encore Elena, fille de Coco et grand-mère de Miguel, interdit qu'on en écoute ou en parle...


Mais Miguel tient à être chanteur, comme son idole Ernesto de la Cruz (célèbre dans les proportions de Luis Mariano), originaire de son village.



Le jour des morts, Miguel en vient à la conclusion que celui-ci doit être son arrière- arrière- grand- père musicien, d'après une photo de famille où la tête du mari d'Imelda est déchirée.




 Il veut alors participer à un concours de musique, mais n'a pas de guitare.



Miguel emprunte celle exposée au dessus de la tombe d'Ernesto, mais ce sacrilège lui vaut d'être transformé en fantôme.



Il peut voir les calacas, invisible aux yeux des humains, qui viennent voir les membres de leur famille et peuvent (du moins en esprit) manger les aliments laissés pour eux sur les tombes.



Miguel reconnait les calacas de son arrière-grand-père, ses grands- oncles et  tantes, et arrière- arrière -grand- mère Imelda qui l'emmènent dans la bureaucratie de l'au- delà. Miguel y apprend qu'il risque de devenir lui même une calaca d'ici au lever du soleil, à moins d'avoir la bénédiction d'un membre de sa famille. Mais la seule à accepter est Imelda, qui exige qu'il renonce à la musique pour retourner chez les vivants.



Miguel refuse, s'échappe et décide de rechercher la bénédiction d'Ernesto à la place. Mais comment l'approcher (c'est toujours une immense star) ?


Pour ce faire il fait ami-ami avec Hector, une calaca "oubliée" qui dit pouvoir l'aider;


mais ils sont pistés par la famille de Miguel et l' alebrije (esprit- guide animal) d'Imelda, la gigantesque tigresse ailée Pépita.



Si comme moi vous étiez une buse en jour des morts avant le film (malgré mes ancêtres  en partie mexicains et aztèques), le principe est bien expliqué. Les vivants laissent les photos des proches décédés sur un autel, l'ofranda,et tracent un chemin avec des pétales. Précautions utiles: les calacas "traversent" sur un pont fait de pétales, et ne peuvent sortir que si leur photo est exposée. Sans photographie, comme Hector, on reste coincé dans l'au-delà au jour des morts.



Ce pays des morts est très coloré (contrairement à ce qu'on pourrait croire) sauf le bidonville occupé par les oubliés (du moins sans photo). L'un d'eux, Chicharrón, se dissout dans l'atmosphère (dans un lieu inconnu) après que la dernière personne qui se rappelait de lui aie cessé de vivre, devenant  un oublié, tout court .



Ce destin semble horrible aux calacas, mais pas pour moi: je les voyais rejoindre le paradis au sens propre du terme à ce moment-là...Non?



D'autant que ces limbes pour squelettes paraissent réservées aux citoyens mexicains-et donc, provisoires.



Des citoyens parfois fameux comme Santo le catcheur alias Masque d'argent,

Connu pour être à l'affiche de nanars.


ou la peintre Frida Kahlo (un running gag: Hector cherchera à visiter le monde des vivants en se faisant passer pour elle).




On n ' est pas loin du principe des dieux du Darshan dans Lanfeust de Troy, des égrégores qui existent si l'on croit en eux, et disparaissent quand leur dernier croyant décède. Mais, hélas, fatalement dans toutes les familles on ne sait plus qui sont ses membres passées quatre générations.



On appréciera la recherche visuelle, à commencer  par les alebrijes, nom emprunté à des statues très colorées, qui ressemblent beaucoup aux esprits animaux apparus dans un autre programme latino de Disney, Elena d'Avalor.


Pepita était le chat d'Imelda de son vivant, et Dante, le chien errant pelé et sous -doué qui suit Miguel partout est aussi destiné à être alebrije.




Son nom hautement symbolique est celui d'un auteur qui, dans sa divine comédie, a visité l'au-delà. Et on apprécie aussi la couleur locale, qui toutefois (comme souvent) n'attribue d'accent qu'aux personnages adultes.




Miguel, lui-même une sorte d'Orphée moderne, ne peut que paraître familier à qui a eu à imposer une passion à une famille définitivement pas d'accord (Elena ira aussi loin que casser la guitare qu'il avait bricolée) . Comme souvent dans les Disney, il passe par plusieurs phases -rejeter complètement la famille en faveur de la musique puis vice-versa-avant que les deux se révèlent ne pas être incompatibles (et c'est tant mieux: trop de films familiaux tirent sur la corde du "la famille c'est tout et l'ambition, bouh, c'est mal") .

Beaucoup d'humour aussi...Souvenez-vous de Zootopia où des animaux naturistes nous étaient montrés sans censure, parce qu'au fond, on en a l'habitude. Similairement, une calaca pose nue pour un peintre...mais bien sûr, il n'y a que des os à voir. Quand Hector chante une dernière chanson à Chicharron, il remplace, le mot "seins" par "citrons" parce qu' "il y a des enfants ici."













On nous a de nouveau fait le coup du méchant surprise, mais au vu des trailers, je ne l'avais pas vue venir celle-là...Comme Papy Pépite (Toy Story 2) et Charles F.Muntz (Là-haut), Ernesto de la Cruz  se révèle avoir eu un coup fourré et est l'idole du héros qui va dégringoler de son piédestal.



Ernesto a jadis empoisonné son parolier, Hector, qui voulait tout lâcher pour rejoindre sa famille, le vouant à l'oubli du grand public. Et pas que: une scène touchante révèle que la fille qu'Hector veut revoir, année après année, est Mama Coco. Autrement dit, l’arrière- arrière- grand- père de Miguel c'était en fait  lui, qui n’est jamais rentré chez lui pour des raisons indépendantes de sa volonté, et qui en raison du damnatio memoriae va s'effacer, à mesure que Coco, la seule qui s'en souvient, est atteinte d’Alzheimer.



Seul Miguel, en lui chantant une chanson au titre symbolique, "Ne m'oublie pas", réussit à faire dire à Coco qu'elle avait gardé la tête de son père en photo, tout ce temps.





Un an après cette histoire, pendant le dia de los muertos, les photos sont de nouveau exposées sur l'ofranda et Hector et Imelda, enfin réconciliés, traversent en compagnie de Coco, morte depuis elle aussi.


Bref, là encore vous risquez d'avoir besoin d'un paquet de mouchoirs. Le copain maladroit que le héros s'est fait en route, qui se révèle être son parent, c'est peut-être une trop belle coïncidence, mais on ne l'avait pas vu venir ce twist, pas vrai?



Comme Vaiana, le personnage principal vit une passion envers et contre tous, et seule sa grand mère (ou arrière- grand -mère) semble le ou la  suivre, puis transcender la mort, apparaissant au delà de celle-ci.


Et, comme Vaiana, malgré sa date de sortie, il donne chaud!

Un film idéal à regarder à Halloween, de quoi regretter qu'il ne soit pas sorti à ce moment là.

Mais, contrairement  à ce que j'ai beaucoup entendu : ce n'est ni morbide, ni effrayant,

                                        (car non, les squelettes ça ne l'est pas toujours!)


que les petiots ne s'abstiennent pas.



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