vendredi 13 juin 2014

La mariée emmurée





"Esprits et fantômes, sur vos fiers destriers, escortez dans la nuit la belle fiancée..."



(version vidéo)


On a tous vu ça dans la littérature ou le cinéma gothique: une entrée secrète dissimulée derrière un mur qui bouge (souvent une étagère de livres), actionnée par un livre que l'on tire (La famille Adams) ou un chandelier qu'on fait basculer (Frankenstein Junior).




Tellement cliché qu'il est impossible que cela aie existé me direz-vous. Et bien...Pas du tout. Au même titre que les oubliettes et cul-de -basse- fosse qu'on trouvait parfois au bout, Lucie de Pracontal est là pour en témoigner.

Son histoire vous est peut-être familière même si vous lisez ce nom pour la première fois. En effet, elle s'est propagée sous la forme d'une légende urbaine contemporaine (car les histoires intéressantes sont toujours rapprochées dans l'espace-temps pour mieux captiver l’auditoire) voire sous la forme d'une simple plaisanterie.

Mais l'histoire originelle n'a rien d'une plaisanterie même si comme bien des légendes macabres elle souffre d'imprécisions.  Le nom de la malheureuse héroïne est parfois rapporté comme étant Héloïse, (et les italiens l'appellent "Ginevra") mais Lucie prédomine. Son nom s'écrirait aussi Précontal ou Pracomtal.

Armoiries des Pracomtal



Le lieu ne fait presque jamais de doute, lui: le château de Montségur-sur-Lauzon dans la Drôme.


 Le 25 juin 1715, on y célébrait les noces de la fille de la marquise  (ou comtesse) veuve, Lucie, qui avait 16 ans, et du chevalier (ou vicomte) Henri de Quinsonas (ou Quinson).

A table, en voulant ouvrir une amande avec son couteau au moment du dessert, Lucie donna un coup de manche à son alliance qui se fissura, dit-on: mauvais présage! Aussi une demoiselle d'honneur, pour détendre l'atmosphère, suggéra de faire une partie de cache-cache. Ce jeu était alors aussi pratiqué par les adultes; c'était l’occasion de lutiner à l'abri des regards....

Pendant que les hommes comptaient, les dames s'éparpillèrent et Lucie eut l'idée de se diriger vers les sous-sols, qu'elle savait être labyrinthiques. Tout le monde fut rapidement retrouvé, sauf la mariée. On continue de chercher plusieurs minutes, puis plusieurs heures... toutes les pièces sont fouillées à commencer par les caves où on a aperçu Lucie pour la dernière fois. Mais le vent hurle continuellement là-bas, couvrant les appels des invités.

Au bout de trois jours, il ne fait pas de doute que Lucie a disparu. Comment? On commence par craindre une chute dans un puits profond alors situé dans le jardin où il y a déjà eu des morts. On y descend à l'aide d'une corde mais le trou est exploré en vain. La maréchaussée alertée commence par soupçonner un camp de gitans installé à proximité depuis quelques jours. Et s'ils avaient enlevé la mariée pour lui dérober ses bijoux?



Les gitans sont arrêtés et interrogés, leur camp fouillé, mais rien n'est retrouvé. Pressentant qu'ils sont innocents, la marquise de Pracontal demande à ce qu'on les relâche. En remerciement l'une des gitanes insiste pour lui lire les lignes de la main et annonce: "De ton vivant, tu reverras ta fille." Mais la voyante est incapable de dire quand et en quelles circonstances.



La marquise perd progressivement espoir: et si Lucie avait tout simplement fugué? C'est l'opinion la plus répandue à Montségur: on jase, disant volontiers qu'elle a dû profiter du jeu pour fuir avec un autre homme. Ne le supportant plus, le malheureux chevalier de Quinsonas s'engage pour la guerre-très certainement les guerres d'expansions qui avaient alors lieu en Nouvelle-France, contre les tribus iroquoises. Il y fut tué et ce drame devait être celui de trop pour la marquise. Elle revendit les lieux à la famille de Moy et se retira au couvent. Auparavant, elle fit poser une croix portant le nom de sa fille sur un mur où d'autres croix semblables se trouvaient déjà car d'autres disparitions inexplicables avaient déjà eu lieu par le passé...



En 1747, le château n'est plus utilisé qu'en partie par le comte de Moy, et il donne une fête dans l'aile qu'il occupait. Trois jeunes nobles,  Paul de Causans, Louis de Crussol et le vicomte Maurice de Rabasteins, jouent aux cartes avec lui. Mistigri, le chat de la maison, tourne autour de Maurice pour quémander des reliefs du repas que celui-ci donne bien volontiers. Quand le comte gronde la bête, Maurice assure que ce n'est pas grave; après tout, il aime les animaux.

Il aime aussi les vieilles pierres et les mystères, quel est donc l'avis du comte au sujet de Lucie? Il n'en a pas: il n'a déploré aucune disparition ces trente dernières années. Cependant, il autorise ses hôtes à faire une visite guidée le lendemain. Ce jour-là, le gardien du château mène les invités dans les caves, où ils l'écoutent expliquer que cette demeure fut un temps celle du baron des Adrets, redoutable seigneur protestant qui lutta contre le pouvoir catholique en place. La pensée de Maurice et ses amis revient vite à Lucie: et si eux aussi jouaient à cache-cache?


Ce faisant, Maurice resté seul doit régler la mèche de sa lanterne et s'assied contre un mur; ce dernier coulisse. Visiblement le mécanisme s'enclenche si on s'appuie contre l'une des pierres. Quand Maurice entre dans la pièce ronde qui vient de se révéler, le mur se referme: un système mécanique  s'enclenche sitôt que le poids d'une personne se fait sentir. Mais, aucun système de réouverture n'est visible, il semble avoir été retiré. Tâter la même pierre -ou toute autre- n'a d'autre effet que d'ouvrir une trappe au sol. Maurice descend par l'escalier qui vient d’apparaître. Il se trouve dans une cave faiblement éclairée par un haut et étroit soupirail. Des tables et chaises, quelques ustensiles, des livres meublent les lieux. Les bouquins se révèlent être de vieilles bibles huguenotes, sans doute apportées du temps du baron des Adrets.



Maurice remarque soudain une forme assise dans l'un des fauteuils, et immobile, comme si elle dormait. Mais une fois la silhouette éclairée, la vision de celle-ci fait s’évanouir de terreur le pauvre vicomte.
Une fois revenu à lui, il constate que c'est une sorte de momie déshydratée qui est assise devant lui, vêtue d'une superbe robe avec un collier de perles au cou.



Le style de la robe ne manque pas d'évoquer à Rabasteins celui des vêtements de sa propre mère voici trois décennies...Commençant déjà à se douter de l'identité de la morte, Maurice remarque une bible ouverte sur les genoux de cette dernière. Sans doute au moyen de ses ongles, ou de son épingle à cheveux, elle a gravé ces lignes dans les pages: " Malheureux! Vous qui entrez dans cet abîme, abandonnez tout espoir, recommandez votre âme à Dieu, demandez -Lui le pardon de vos fautes; car vous ne sortirez pas plus de ce sombre séjour que moi, Lucie de Pracontal, en ce jour de juin 1715."



Le mystère est résolu... Mais à quel prix! Le pauvre vicomte de Rabasteins se demande à juste titre si la sombre prédiction que lui a faite Lucie ne s'appliquera pas à lui aussi. D'autant, dit-on, qu'il est possible que la jeune fille ne soit pas décédée d'inanition mais aie abrégé ses souffrances en se poignardant ainsi qu'un couteau taché de sang et découvert par Maurice semble en attester. Mais il n'est pas étonnant que ce détail soit rare dans les rapports de cette histoire: un suicide est à l'époque scandaleux.

Maurice appelle au secours mais le vent couvre ses cris comme il l'a certainement fait pour Lucie. Comme elle, sans doute, Maurice constate que rien ne fait bouger la lourde muraille coulissante, que les barreaux du soupirail sont trop rapprochés et trop solides, que nulle autre porte ou sortie en tout genre n'existe... Paniqué, le vicomte sursaute quand un miaulement se fait soudain entendre!



Mistigri a retrouvé la trace du jeune homme qui aime les animaux et guette au soupirail en ronronnant. Maurice l'attrape (il passe facilement au travers) et a l'idée de lui passer sa cravate au cou. L'animal ressort et se présente devant les amis de Maurice qui le cherchent partout. Évidemment, la cravate les intrigue et ils suivent le chat dans les caves, qui les mène au soupirail. Pour en faire sortir au plus vite Rabasteins, qui a passé là près de vingt-quatre heures, le comte de Moy fait briser le mur autour du soupirail. (On dit que les cheveux de Rabasteins avaient blanchi à cause du stress!) Puis il fait extraire le cadavre de Lucie et envoie chercher la marquise de Pracontal en son couvent de Valence, qui conformément à la prédiction revit en effet sa fille.



Pour éviter une nouvelle tragédie, le comte fit abattre la fameuse muraille dont le mécanisme se révéla d'une complication remarquable. A
 quoi tout cela servait-il ? On pensa au baron des Adrets, qui avait sans doute dissimulé là pour les protéger ses coreligionnaires au moment des guerres de religion. A moins que l'ensemble ne remonte au Moyen-âge, et que l'antre ainsi protégé aie appartenu à un alchimiste. Ou bien les deux hypothèses sont exactes, le baron ayant simplement réutilisé la cachette de l'alchimiste.


Quoi qu'il en soit, on ne peut plus vérifier ce qu'il en est aujourd'hui: seulement un peu plus de quarante ans après, le château fut détruit pendant les troubles de la Révolution.


 Même si on montre toujours un trou dans le sol comme étant l'entrée de l'oubliette fatale.



Moralité: il faut toujours être gentil avec les chats, ils vous sauveront la vie un jour! Une preuve de plus du "pouvoir" de ces animaux!




Et c'est là sans doute qu'une légende urbaine semblable vous est peut être déjà revenue à l'esprit. De nos jours cette fois, et dans le pays d'origine de celui qui raconte, une fête de mariage a lieu dans la maison du couple, qui organise une partie de cache-cache, et la mariée disparaît. Dix ans plus tard, le mari n'a pas déménagé. Il décide de se rendre au grenier où il ne va presque jamais, soit qu'il veuille finalement déménager, soit qu'il aie besoin d'un objet qui sert peu ("Mais où diable est passé ce service à fondue/ cette tente de camping?"). Il ouvre une malle fermée à clé, qui a la particularité de se verrouiller toute seule si on laisse tomber le couvercle. En le soulevant, le veuf trouve un squelette vêtu d'une robe de mariée.
C'est faux certes mais comme avec bien des légendes urbaines: pas de fumée sans feu!



Ça ne vous dit rien? Alors probablement que vous êtes plus familiers avec cette blague qui a fait le tour des écoles primaires: "Qu'est-ce qu'un squelette dans un placard? (ou derrière un placard) Celui qui a gagné à cache-cache."

Cette histoire, avec la variante "coffre", est citée dans  La corde (1948) d'Alfred Hitchcock et Thomas Haynes Bayley en fit un poème "The Ballad of the Mistletoe Bride".




Et voilà comment Lucie de Pracontal est parvenue à la postérité. Pour ceux qui y croient, cette malheureuse emmurée vivante aurait eu de quoi faire une belle dame blanche...




En fait, encore debout, le château aurait pu tel Phantom Manor à Disneyland être le théâtre d'apparition de mariées fantomatiques! (Vous le sentez, ce frisson dans le dos?) D'ailleurs une autre Lucie, celle du château de Veauce, emmurée par une châtelaine jalouse, devint fantôme...





L’emmurement demande un autre sujet à lui tout seul; ce fut un châtiment, ou un sacrifice (humain ou animal) servant à sécuriser une construction.



Mais Lucie reste un rare exemple involontaire. Je trouve cette légende particulièrement fascinante: une belle jeune fille vêtue en mariée pour héroïne, un veuvage le jour même d'un mariage, un mystère inexplicable, une prédiction incompréhensible, un château moyenâgeux  gothique à souhait, un passage secret,  une fin heureuse pour le second héros,  le beau rôle pour un chat, le tout dans les superbes habits du siècle des Lumières...Une parfaite histoire à conter au coin du feu.

Sources:
Contes et légendes de la Drôme de Jean-Pierre Ginet
Histoires étranges qui sont arrivées de  G. Lenotre
bindset.com chateaux-hantes
http://www.snopes.com/weddings/horrors/hideseek.asp






lundi 9 juin 2014

Le nostalgia critic et la "Princess hate"

L'aspect 2D et paillettes de Mérida a récemment fait grand bruit au point d'être annulé:




 Il semble que le monde aie un problème avec l'image des princesses et celles de Disney en particulier ("C'est pas bien ces paillettes pour l'image de la femme" et tout ça.)

 Le Nostalgia Critic, un podcaster américain, mettait ce problème en évidence dans une vidéo : parue il y a deux mois, "What's with the Princess Hate" ("Pourquoi cette haine des princesses".)




 Alors oui c'est en anglais et je comprends qu'on aie des problèmes à la comprendre  mais si vous le pouvez: en résumé il dit qu'il ne comprend pas la haine que certains ressentent vis à vis des princesses Disney, présentées comme le sommet en la matière, qu'on dit être de mauvais modèles de conduite pour les fillettes.

 Si le Critic dit comprendre pourquoi avec Aurore (qu'il trouve passive), et aussi Jasmine, sur certains points, en revanche il rappelle que Blanche-Neige sait faire preuve d'autorité (sur les nains) et que toutes les autres sont indépendantes et actives y compris Ariel qu'aujourd'hui on accuse d'être une "emo teen" qui fugue pour un homme entrevu mais qui à l'époque était respectée pour son énergie, toute nouvelle. Et elle a sauvé son prince deux fois.

 Il s'appuie aussi sur d'autres personnages féminins forts qui portent ce titre (Sally dans Sonic) et sur tous ces points je suis d'accord. Mais ensuite il affirme qu'il trouve étrange la popularité de ce titre chez les personnages féminins (ça porte un nom : "Tout est mieux avec les princesses", attention, en anglais aussi.)
 Au point qu'on voit régulièrement des souveraines porter ce nom alors qu'elles devraient pourtant être des reines (ce principe là étant celui de la "Princesse régnante" , en vrai ça se justifie si le pays concerné est une principauté comme Monaco.) A l'inverse, les reines sont le plus souvent méchantes ( "Dieu nous sauve de la reine" ) avec les bien connues Reine Sorcière, Reine de Coeur, Reine rouge, et Nerissa. Pourtant tous les hommes deviennent des rois sans problèmes dans la fiction. Le paradoxe apparaît en effet dans Terabitha où le héros Jess devient roi et sa petite sœur Maybell princesse, mais le Critic omet de préciser que Leslie, l'amie de l'âge de Jess, devenait reine! Idem dans Narnia où les sœurs des nouveaux rois deviennent bien des reines. La vraie raison doit être le jeune âge de Maybell.



 Le Critic saute un peu vite aux conclusions lorsqu'il affirme que le rêve d'être princesse est parce qu' on a le glamour sans les responsabilités, et donc forcément c'est pas bien... Et il se trompe à mon avis. J'ai appris récemment un fait méconnu qui explique le prestige attaché au titre de princesse: il était le seul dans la noblesse (et tout ça à cause du patriarcat vous l'aurez compris) à pouvoir être porté dès la naissance même par une femme célibataire. Une fille de duc ou baron n'était pas duchesse ou baronne , contrairement à ses frères, mais juste la fille de, une duchesse ou baronne était forcément la femme d'un duc ou baron. Et une reine ou impératrice est obligatoirement la femme d'un roi ou empereur bien que son titre soit en principe plus prestigieux. Les reines souveraines sont rares (comme Catherine la Grande ou Élisabeth 1 ère) et celles qui portent ce titre dès l'enfance comme Christine de Suède plus rares encore. D'ailleurs avez vous remarqué qu'on a jamais inventé de mot désigner l'époux d'une telle souveraine à part "prince consort" (comme Philippe d'Angleterre?)



 Bref, à cause de l'obligation d'être mariée pour porter un titre, bien des femmes auraient  à l'époque préféré être princesses et garder leur liberté, voilà l'origine du prestige de ce titre? Voilà qui est loin d’oppresser la femme, bien au contraire. Nos princesses Disney en sont toutes, alors que justement, certaines sont célibataires (Mérida) ou mariées ou fiancées au roturier de leur choix ( Jasmine, Pocahontas, Mulan et Raiponce.) La reine pendant ce temps c'était soit la mère (rien à dire) soit la belle-mère ( méchante par principe) ce qui explique l’absence de reine jeune et sympa en dehors d'Elsa. (ou alors c'est qu'elle aurait été mariée très jeune ou devenue orpheline très jeune! Sinistre.)


Autre erreur à mon sens , il prend comme "mauvais exemples" de princesses soit Peach (bon là d'accord c'est vrai :lol: ) soit Barbie et là je proteste, il n'a jamais dû voir les films correspondants comme beaucoup d'hommes. L'un des exemples Annaliese dans Coeur de princesse.. Quand on la kidnappe elle se sauve (deux fois!) et présente un intérêt pour les sciences, en particulier naturelles. Je ne connais pas d'autres princesses qui en font autant sur ce point sauf Chewing-gum dans Adventure time et Tecna dans Winx club . (Si elle porte bien ce titre comme l'affirme la version BD.) L'autre exemple est Blair de Barbie Apprentie princesse . Là encore c'est mal la connaître, l'héroïne est une sorte de Cendrillon maladroite qui un mal de chien à acquérir l’enseignement de l'école des princesses où on affirme que l'important est la confiance en soi et le caractère. De plus elle a d'abord travaillé comme serveuse pour subvenir aux besoins de sa mère adoptive malade: pas franchement ce que j’appelle tomber tout cuit dans le bec. :roll:


Le couronnement de Merida de mai 2013 : (et donc le déclencheur:)


Les films amateurs


Au Commencement était la convention.
Puis avec elle, les fanzines, qui sont toujours là, le cosplay, qui s'est bien développé, le karaoké, fidèle au poste, les projections idem en débit d'une baisse de régime ces derniers temps.Le développement d'internet haut débit y est pour beaucoup , avec notamment la possibilité de pouvoir visionner certains programmes légalement en VOST une heure après leur diffusion d'origine.Mais les projections publiques sont encore là, rappelant le temps où avec seulement quelques vidéos à des prix élevés , étaient un bon moyen de (re) découverte de certains titres. Mais les projections de films amateurs alors? C'est le problème: ils se sont réduits comme peau de chagrin.

D'abord, de quels films amateurs est il question?A priori il n'y a pas de terme précis pour désigner ceux qu'on projetait en convention .Ils appartiennent à la catégorie des films fait par les non-pros à travers le monde , aussi vieux que le cinéma et industrie toujours florissante notamment dès qu'il s'agit de parodie.
Par exemple , tout ce qui existe autour de Stars wars: les courts George Lucas in love et Grocery Store Wars, la websérie Chad Vader (le frère de) , et Thumb Wars inclus dans la minisérie des Thumbs (Pouces).

Un univers foisonnant donc ,intégrant tant des courts métrages originaux ou des fanfictions filmées, où l'on filme un épisode (voire un cross over) d'une série existante.A la base les courts amateurs des conventions relevaient plutôt de cette catégorie, et de la parodie qui plus est.

Petit retour dans le temps.A une époque , il n'y avait pas de convention manga en France, les petits...Tout juste certaines manifestations comme BD expo qui ne commença a intégrer un espace manga qu' au début des années 90 (alors que toute une génération était exposée aux animés depuis 10 ans via Récré A2 et Le Club Dorothée ).Ce fut à ce moment là seulement qu'on vit apparaître certains salons :Planète Manga, les Arpenteurs du rêve, Camille Sée,et Cartoonist à Toulon.






Mais alors le programme habituel (Cosplay,karaoké,jeux...) n'était pas encore établi, nombreux étaient ceux qui venaient pour les projections d’animés (durs à trouver sans le net, lancé en 1995 pour rappel.) Les premières teams de courts amateurs devront trouver un téléviseur dans une salle inutilisée des premiers salons pour montrer leur exploits filmés qui deviennent incontournables après 1994, petit tour d'horizon:




-Les Bitoman :


Au Cartoonist de 1994 ,Alex Pilot, actuel directeur des programmes de Nolife, et ses amis improvisent un tournage dans un terrain vague de Toulon, et rebaptisent la bagarre filmée "Bitoman".Un hommage bien entendu aux "Bioman" diffusés à partir de 1987 sur TF1 et premier sentai arrivé en France.(et donc faisait mètre étalon en la matière jusqu'à l'arrivée des Powers Rangers).On comptera 14 épisodes jusqu'en 2005.
Parmi les personnages récurrents on compte Mathias et Lucille (oui, ceux de Embrasse-moi Lucille) et Buu (comme dans DBZ).Il faut ajouter des noms de méchant rappelant ceux de Jetman, ou des figurants tels qu'Albator, Marc de la Bataille des Planètes,Sailor Moon, Suppaman,(de Docteur Slump),etc.Bref une parodie des sentai très référencée, assaisonnée de références manga précurseurs du cosplay.
Les Bitoman inspireront quantités d'autres teams et lancent la mode du court amateur dans les salons.





-Une Case en moins





Une association inspirée précisément par les Bitoman, en activité depuis 2000.Les guests sont variés mais Davy Mourier et Didier Richard sont les comédiens récurrents.
Les courts métrages parodient les super héros (“Comme d'habitude” version Batman et Robin) les jeux vidéos (“Pong le film” où deux joueurs renvoient indéfiniment la balle) les séries et films (l’auto parodie “les films trop faits à la maison”) et les mangas (le générique de “Lain “ au plan près.)

Sans oublier ce qui touche à des sujets divers: “La loi de Murphy “ où le sort s'acharne sur un Père Noël de grand magasin ou “Découvre Paris avec Davy” où Davy Mourier décrit le Paris que les touristes ne remarquent guère.

Quelques incontournables:

-Résident Kitsch 1 et 2 (2001 et 2002)

Résident evil à la sauce icône kitsch, il s'agit de combattre les frères Bogdanov ou Tatayet.Le tout en copiant exactement les piétinements d'un personnage coincé par la mauvaise direction, les inventaires, voire l'arrêt pendant la pause pipi du joueur.



-Youpi et la paille magique






Non seulement, l'épisode parodie (en live) les animés de sports parfois méconnus (le lancer de paille en l'occurrence ) et les mouvements limités qui vont avec , mais aussi les adaptations françaises comme au bon vieux temps de la cinq.C'est à dire les noms francisés, les dialogues édulcorés, le générique enjoué sans doute sans rapport avec l'original, etc .






-Vis ma vie de cosplayer (2004)






Comme l'émission du même nom, sur un sujet qui n'a été réellement abordé dans de tels shows que cinq ans plus tard.... Davy joue le cosplayer, Didier l'invité qui n'y connait rien.Le premier surjoue l’enthousiasme et le second le blocage moral. Toute ressemblance avec des personnes que vous connaissez est absolument faite exprès.





-Les Guardians 


 

Dans leur Grenoble natal, la bande des Guardians a notamment tourné la série des Damned.(depuis 1998,toujours en production).Ou une série d'affrontements entre enfer et paradis en utilisant des humains dont Sinji (Ruddy Pomarède, le réalisateur).Le tout en compagnie de Clémence Perrot, Jean-Marc Imbert et Simon Brochard, futur casting de Flanders Company.



-Capoué Fighters



Et revoilà Simon Brochard ! En chef des Capoué fighters ,un nouveau groupe de sentai en lutte contre Dark Bisounours.Sont avec lui Super Tatane, Sport Bilou (Comme Sport Billy, 1980, si ça vous dit rien c'est normal) Lyle/Lily qui change de sexe façon Ranma ½ ...Bref de la référence manga aussi, et de la bonne. 

-Atomic Ninja Masters (1997 -2001)



Irradiés par Tchernobyl comme le nom l'indique, là aussi ce sont trois combattants contre le grand vilain, Dr Gnafron.La perfection aura été poussée jusqu'à réaliser un long métrage, (Atomic ninja master le film) alors que le format court est de rigueur.





-Funglisoft (depuis 2002)



Fondé par Fabien Fournier.Entre 2002 et 2007, la série Lost levels sera produite sur le thème du MMORPG comme le nom l'indique . Une parodie de World of Warcraft version audio sur Dailymotion sous le compte Fungliboss sera aussi réalisée.

-Crash System (depuis 2001, avec Enguerran André, Nicolas Lebrun, Brice Jablonski,David Guilloux, Laurent Beynaix...)



Divers courts et moyens variés parodiant sans pitié le cinéma, les séries voire les émissions poubelles, personne ne sera épargné.

-Spirit Senshi

Le premier moyen métrage mêle des exorcistes d'horizons divers (Tokyo Babylon de Clamp,Yugen Kaisha) partis sauver la sœur de Setsuna d'Angel Sanctuary, et croiseront Skeletor, (les Maîtres de l'Univers) Nicky Larson, Yu-gi-oh et jusqu'à Pink Jack, le frère de Black.









-L'attaque des camemberts de l'espace mutants






L'hommage aux films catastrophe américains des 50's, qui remplace les envahisseurs extraterrestres classiques par des fromages ainsi que le titre l'indique.Ca tourne à la possession façon L'Invasion des profanateurs , c'est tourné en noir et blanc à la Plan 9 from outer space, comme au bon vieux temps de la SF en période de guerre froide.








-Histoires d'Otaku
Les commentaires typiques du documentaire animalier...appliqués à un otaku.En dit long sur leur statut de « bête curieuse » aux yeux des journalistes .






-Amour,gloire et cosplay






Parodie des soap opéras, mais transposé chez des cosplayers. Là aussi, les triangles amoureux , les trahisons et les coups bas règnent sur fond de réalisation d'un groupe Sailor Moon.






-Envoyé à la une et ça se débat :

Parodies des émissions du même nom, anticipant leur intérêt futur pour les cosplayers.Rien n'y manque du discours alarmiste de la voix -off au « survivant » débusqué qui s'est trouvé une pire addiction, en passant par le psychologue au discours moralisateur mais hypocrite.Culte chez bien des cosplayers.








-France Five (depuis 2000)



Après la parodie avec Bitoman,Alex Pilot souhaitait démontrer que la France pouvait respecter les sentai et ne pas les voir que sous l'angle parodique des Bitoman ou des Bioumen des Inconnus.Et que le genre pouvait s'exporter en France justement.
En respectant exactement les codes  : quatre gars et une fille, qui se transforment grâce
à un scientifique et son assistante robot, un empire extraterrestre maléfique, un monstre différent par épisode qui devient géant pour mieux être vaincu par le robot gigantesque des héros à la fin, etc.

Mais transposé à Paris, et tout le rappelle.D'abord la défense de la tour Eiffel, un totem d'exorcisme puissant qui maintient les méchants à l'écart, les qualificatifs des héros (Fromage, Accordéon, Beaujolais...) le titre complet qui veut dire Escadron Mousquetaire, la machine « Chanteclerc » ,etc.






Il existe cinq épisodes dont le dernier est un « grand final » ressemblant ainsi à une saison classique en plus court.




-Les Chasseurs de la ville





Autrement dit, la traduction de City Hunter .Du doublage à l'envers en quelque sorte : il s'agit de tourner en live un épisode d'animé au plan près puis de le sonoriser avec la bande de l'épisode d'origine.En VF pour Ranma 1/2 et les trois épisodes de Nicky Larson, en VO pour Cat's Eye.







-Gotohwan 





Un cas un peu particulier : c'est une association non de tournages mais de doublages parodiques.Ça consiste à coller le dialogue d'une réunion précédant Cartoonist (la grande convention d'avant Japan Expo) sur une scène de Battle Royale ou une dispute de « pauvres » sur Olive et Tom.Gotohwan a parfois aidé d'autres teams (Une Case en moins, pour Youpi) et sont passés au doublage professionnel depuis .









N'oublions pas des courts métrages indépendants comme Shojoland (combats d'héroïnes de Shojo contre des héros de Shônen ,de Praline.) Ou bien ceux réalisés avec l'aide d 'équipes comme les Guardians pour les courts Sailor Drunks (les Sailors moons qui défendant la consommation d'alcool) et Ça marche ,la chanson du Roi Soleil tournée en costumes d'époque.


L'arrivée des caméras numériques et de logiciels tout publics tels qu'After effect a mis fin aux images floues et bruits parasites du caméscope de papa tandis que les effets spéciaux ont fait un bond en avant.Mais il est difficile désormais de trouver en convention des stands de films amateurs.Normal : pour s'exposer ils se sont repliés sur les plates-formes de vidéos communautaires. 
Beaucoup de teams évoquées plus haut se sont rencontrées entre 1995 et 2002, et étaient actives dans ces années là.Celles qui existent toujours sont passées « pro » et sont diffusées sur la chaîne Nolife pour la plupart. C'est le cas d'Une case en moins qui produit Nerdz (avec Davy Mourier, Didier Richard , Monsieur Poulpe et Maelys Ricordeau), un huis clos d'un nerd et des ses colocataires.





C'est aussi le cas de la Funglisoft qui s'est lancée dans Noob , toujours à propos des MMORPG et reprenant certains personnages comme Gaea et Zell le blanc changé en Omega Zell.



Enfin, les Guardians aussi, avec Flander's Company , une compagnie recrutant des supers vilains et apparue dans Damned





Crash System est encore en activité en tant qu'amateurs (on les croise encore sur leur stand à Epita)mais commence à tourner des courts métrages soit sans référence aucune (Barnabé) soit non parodiques (Stargate Explorer qui ressemble à un véritable épisode de 20 mn).



Quant aux cinéastes amateurs , ils débutent aujourd'hui plutôt en tant que web série sur les plate formes (Hello geekette, qui confronte ladite geekette à un colocataire « normal ») 




pour éventuellement finir sur Nolife (Le visiteur du futur)



Une page se tourne dans les courts amateurs et leur charme indéniable.Les parodies filmées de manga vont sans doute se raréfier à présent.Merci les gars, vous étiez tordants....

Liens et sources :
















Les monstres du Labyrinthe


Ayé, j'ai vu les monstres du Labyrinthe...Qui donc?  Mazes and Monsters en VO. L'équivalent de Donjons et Dragons qui existait alors (1982) depuis 10 ans et était mal connu.




Et ça se voit. Ce téléfilm surfe sur la psychose de l'époque autour du jeu de rôle.Il est vaguement inspiré d'un livre lui même vaguement inspiré d'un fait divers de 1979.


L'étudiant américain James Dallas Egbert III disparut pendant un mois, et un détective privé découvrit qu 'il jouait à Donjons et Dragons. Dallas se droguait et subissait une énorme pression de sa mère pour qu'il aie toujours 18 de moyenne aussi, c'est là que résidait le véritable problème.(d’ailleurs il s'est suicidé un an après avoir été retrouvé). Mais trop tard: le détective publia sa thèse première (le jeu de rôle unique responsable) dans le livre Le Maître de Donjon: La disparition de James Dallas Egbert III. Un roman en fut tiré, Mazes and Monsters, lui même adapté en téléfilm.


Robbie (Tom Hanks) est déjà fragile psychologiquement (heureusement qu'on le précise!) à cause de la disparition sans laisser d'adresse de son grand frère. Il trouve un exutoire en jouant aux Monstres du Labyrinthe, (présenté comme "innocent en apparence") comme ses trois camarades (Jay-Jay, Kate et Dany) qui ont aussi leur lot de problèmes familiaux. Les dés 20 sont là mais une certaine méconnaissance du vrai jeu est facile à déceler (non, la classe prêtre n' a pas le pouvoir de voler!).
Leur vient l'idée de jouer en grandeur nature dans des grottes, ce qui leur semble un concept inédit (faux: le GN existe depuis 1977) . Robbie pète les plombs à ce moment sans qu'on sache trop pourquoi , (et voit un dragon en latex)
se prend pour son personnage de prêtre, fugue à New York , poignarde quelqu’un (évidemment), se rend aux deux tours (Comme dans Le Seigneur des anneaux c'est ça?) qui se trouvent être feues les tours jumelles et décide de sauter (pensant s'envoler donc) et est stoppé par ses amis avant que ça se termine en suicide. Remarquez, ils sont pas un bon exemple, ses copains: Jay-Jay a aussi eu un projet de suicide qui l'a pris comme une envie pressante, et renoncé en trente secondes également.

Une mode assez longue de "Les JDR et GN rendent fous" s'est ensuivie. Il en était encore question dans Lizzie Mc Guire avec son meilleur ami qui devient addicté au jeu Le seigneur des nains (oui....) façon nolife devant un MMORPG même si ça existait pas encore.




Ou bien le long métrage de Futurama Prenez garde au Seigneur des robots où le concept de "les jeux rendent fous" est parodié, Bender tombant dans le concept caricatural de ne plus distinguer fiction et réalité sans antécédent psychologique.


Ce concept extrêmement simplifié a atteint l’Europe au milieu des années 90, alors que les JDR y étaient pratiqués depuis les années 80.Trois faits divers se sont suivis de très près (suicides de deux ados rôlistes en France et meurtre d'un homme en Espagne juste parce qu'il ressemblait un à un ennemi dans le jeu de deux rôlistes - ou pas tout à fait, voir ici).Il y a aussi eu des montées en épingles comme les profanateurs du cimetière de Carpentras qui avaient été rôlistes (Mais le vrai problème résidait dans le fait qu'ils étaient néonazis - et pas rôlistes en fait, voir ici).


Zone interdite et Bas les masques ont pondu chacun un sujet dessus et c'est parti: ça rend fou, c'est une secte, les MJ sont des gourous, etc. Ce fut long à être oublié.

Les monstres du Labyrinthe et sa psychologie de bazar est souvent regardé par les rôlistes aujourd'hui, mais rien que pour rire des incohérences. De toute façon, à la même époque que le téléfilm, Le sourire du dragon est aussi sorti, et je crois qu'on s'en souvient davantage...bien fait.